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PAINTINGS BY EMMY VERSCHOOR

VOOR EMMY

Voor Emmy

Zijn het pluimen of bladeren
die ontsnappen uit je binnenste hartkamer
of is het de gloed van de kleur van kloppend bloed
hunkerend naar de stilte van rimpelloos
Water?

Als haar handen vloeibaar worden
krijgt de piano vleugels op het doek
Een boom verbijt haar vergezicht
In de diepte luisteren wortels verrukt
naar de zachte braille van haar bestaan
Tuinen hangen van de wolken
omlaag, omhoog groeien vreemde bloemen
uit een ingebeelde notenbalk.

Guido Vermeulen
14 november 2011


Muziek bij de video: Claude Debussy

dinsdag 13 augustus 2013

SESMAR ET VAKOG, un conte

SESMAR ET VAKOG.

Dans une forêt mystérieuse et lointaine, où poussent des arbres et des plantes que nous aurions peine à imaginer, vivait, dans une cabane de branchages, un personnage des plus singuliers.

C’était un homme d’un âge plus que certain, au passé plus que brumeux et aux manières plus qu’étranges…

C’était un homme… oui, enfin, dans sa forêt, il pouvait passer pour un homme. Ailleurs, il aurait été qualifié de nain, car sa taille ne dépassait pas celle d’un dé à coudre.

Cet homme, qu’on appelait Vakog[1], s’ennuyait à mourir, seul de son espèce dans sa forêt.

Voilà qu’un jour, il décide de faire un voyage. Sans armes ni bagages, il s’en va et, après une marche de plusieurs semaines, il arrive enfin à la mer. Sans hésiter, il embarque sur un paquebot en partance pour l’Egypte.

Vous l’aurez deviné : il voyage comme passager clandestin. Il se dissimule dans l’étui à lunettes du commandant de bord. Celui-ci, à son insu, régale son « invité » des restes de ses copieux et succulents repas, qu’il secoue de sa grosse moustache tout en rédigeant son journal de bord.

Malgré quelques épisodes assez déplaisants de mal de mer, Vakog apprécie l’aventure et, un beau matin, tout ébloui de soleil, il pose le pied sur le sol de l’Egypte. Un autocar de touristes le débarque bientôt au pied des pyramides.

Et là, luttant contre le sable qui menace à chaque instant de l’engloutir, il se retrouve nez à mandibules avec un scarabée sacré, resplendissant dans sa carapace aux reflets de turquoise et d’or.

Le scarabée, d’abord muet d’étonnement en découvrant un humain de sa taille, retrouve peu à peu sa voix – une voix d’insecte, chaleureuse mais grinçante comme une scie à métaux – pour saluer Vakog dans une langue que celui-ci – ô miracle – comprend sans efforts. L’a-t-il apprise dans cette vie ou dans une autre, ou ne serait-ce pas cette langue universelle qui avait cours avant que soit construite la tour de Babel ?

Il ne peut le dire, mais toujours est-il qu’il entend le scarabée se présenter ainsi :
-          Mon nom est Sesmar[2] et j’ai vécu plus de mille vies. J’habitais autrefois dans le palais, aux côtés de Pharaon, et j’y étais vénéré à l’égal d’un dieu. Mais les hommes sont peu à peu devenus incrédules et me voici, scarabée sacré, exposé à être foulé aux pieds par le premier touriste texan de passage ! Quelle déchéance ! Quelle humiliation ! Quelle honte ! Ah, que ne donnerais-je pas pour échapper à ce pitoyable destin !

N’écoutant que son bon cœur et ses cinq sens, en plus de son bon sens, Vakog s’écrie alors :
-          Sesmar, mon ami, ne te lamentes plus ! Je t’invite dans ma forêt. Elle est accueillante et peu peuplée, les touristes texans ne la fréquentent pas. Tu y vivras heureux, je crois. Veux-tu partager ma demeure ?

De joie, Sesmar se met à tourner sur lui-même, comme une toupie, creusant dans le sable un entonnoir qui risque de les engloutir tous deux.

Sans un seul regard pour les pyramides qu’il a parcouru tant de chemin pour admirer, Vakog entraîne son ami Sesmar dans le voyage du retour. Par un heureux coup du hasard, ils empruntent le même paquebot qu’à l’aller, où Sesmar se dissimule dans l’étui du sextant du commandant, tandis que Vakog retrouve son refuge dans l’étui à lunettes.

De retour dans la forêt, Vakog est impatient de tout montrer à son nouveau compagnon. Il trottine de gauche à droite sans discontinuer et, dans son enthousiasme, s’éloigne de sa cabane plus qu’il ne le devrait. Soudain, ses forces le trahissent et il se laisse tomber au pied d’un arbre, épuisé ; il dit à Sesmar d’une voix éteinte :
-          Sesmar, mon ami, je suis un imbécile ! Je t’ai entraîné jusqu’ici et voilà que mes jambes sont incapables de me porter plus loin. La nuit va bientôt tomber. Comment rejoindre notre cabane ?
-          Vakog, mon ami, tu m’as sauvé d’une mort honteuse sous les semelles texanes et, même si le nombre de mes vies est illimité, c’est toujours un mauvais quart d’heure à passer. Alors, laisse-moi t’aider à mon tour. Monte sur mon dos, je te transporterai jusqu’à la maison. Tu n’auras qu’à me montrer le chemin.

Vakog ne se fait pas prier. Après deux tentatives malheureuses, qui l’envoient bouler sur le sol, il parvient à se hisser sur la carapace glissante de Sesmar. A l’articulation entre le thorax et l’abdomen, il découvre un petit creux douillet où il s’installe confortablement. Les deux amis rentrent sans encombre à la cabane où ils sombrent aussitôt dans un long sommeil réparateur.

Et depuis ce jour-là, on peut les voir parcourir les sentiers et les allées, les collines et les vallées, Sesmar portant Vakog, en parfaite harmonie.

***

Certains esprits très imaginatifs prétendent même – mais il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte – qu’à la longue les deux corps se sont soudés, n’en formant plus qu’un seul, dans lequel circulent le même sang, les mêmes perceptions, les mêmes sentiments et les mêmes pensées.

Il est vrai que, quand la symbiose s’installe entre deux êtres, on ne peut jamais savoir où elle va s’arrêter.

 Josiane HUBERT   Octobre 1991.




[1]   VAKOG : abréviation utilisée en PNL (programmation neuro-linguistique) : Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif, Gustatif ...
[2]   Lire à l'envers !SESMAR ET VAKOG.


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